H. Hammami: Parfois je prends ce gouvernement en pitié
Hamma Hammami, porte parole du Front Populaire et invité de Midi-Show d’aujourd’hui, lundi, 18 avril, a évalué la stratégie du gouvernement et la manière avec laquelle il résout les problèmes.
Ce qui s’est passé à Kerkennah est, selon Hammami, un exemple flagrant de la faible politique du Gouvernement. « Un gouvernement doit savoir prévoir, c’est son rôle. Un Homme d’Etat doit savoir intervenir en temps propice et ne pas laisser entasser les choses. Un gouvernement fort est celui qui sait mettre fin à une hémorragie avant que celle-ci ne se produise.
D’ailleurs, l’on voit que certains parmi les partis au pouvoir ne sont, eux-mêmes pas satisfaits de la politique du gouvernement. Franchement, je prends ce gouvernement en pitié parfois ! Il est critiqué de l’intérieur avant d’être critiqué par l’opposition.
Il faut un programme!
Si on se concentre sur la corruption, ajoute Hammami, notamment dans les recrutements, si on se concentre sur les évasions fiscales, on trouvera des issues. Mais ce gouvernement ne fait que reproduire un modèle ancien. Et entre un Etat fort et un Etat qui utilise le système policier, il y a une différence. Un Etat fort nécessite une politique claire, forte et un programme constructif et bien fondé.
Hélas, tout ceci n’existe pas ! On a un véritable problème de direction parce qu’on continue dans la même lancée d’autrefois. Or, il nous faut une politique économique nouvelle.
S’opposer est notre rôle !
A la question posée par l’animateur de l’émission : si le Front possède la « formule magique » pourquoi ne la présente-t-il pas au lieu de s’opposer sans arrêt, Hammami a répondu qu’il s’agit d’une mauvaise presse qu’on colle injustement sur le dos des Frontistes.
"On a de fausses idées sur le front. On est là pour écouter les doléances des gens et les soutenir. Nous ne sommes pas au pouvoir. Nous sommes là pour faire transmettre la voix du peuple. Des gens souffrent, et il faut bien que quelqu’un les soutienne !
Et puis, on ne s’oppose pas pour le plaisir de s’opposer ! Et on n’a jamais dit qu’ils doivent tout faire en un jour ! Mais, il faut d’abord réfléchir à l’urgence de changer de politique. Il faut un programme.
Nul ne peut avancer s’il marche à l’aveuglette, estime-t-il. Nous avons présenté nos solutions. Hélas, ce n’était pas sur les programmes que le premier parti a misé. Il a misé sur la majorité. Nous avons donné des solutions urgentes, mais c’est la coalition majoritaire qui a eu le dernier mot. Et aujourd’hui, ils sont au nombre de 183 députés majoritaires. Et qu’ont-ils fait ? Ils n’ont aucune vision et n’ont pas de programme politique à suivre. Le système tâtonne !
Pourquoi avons-nous été contre l’endettement ? Parce que cette politique ne fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie ! Le FMI ne fait jamais les choses gratuitement. Il ne nous aide pas sans contrepartie ! Nous leur sommes redevables ! De plus, on a demandé que l’article 62 concernant la Banque centrale qui implique que la Banque change d’adresse, contienne le terme, « en Tunisie ». Et on nous a refusé cette demande. Comment peut-on traduire ce refus ? C’est qu’il est possible que la Banque soit installée à l’étranger et qu’il ne s’agisse plus de notre banque nationale !
Si le Front était au pouvoir
Ben Akeicha relate que les bruits du couloir avancent que le Front ne parviendra jamais au pouvoir et qu’il ne laisse pas pour autant les autres travailler. A ce sujet Hammami a dit que ceux qui ont voté pour le Front sont bien des Tunisiens. « Une tranche des tunisiens croient en nous et en notre programme. Ceci nous a valu 15 sièges, mais rien n’est éternel, la politique est mouvante et non statique. Pour ce qui est du fait de s’opposer, il faut savoir que non seulement l’opposition est un droit, mais il s’agit d’un devoir ! Si le Gouvernement faisait les choses correctement, s’il avait un programme et une politique claire, on aurait été les premiers à l’encourager. Mais la réalité est autre ! La Tunisie a besoin d’un programme réaliste. On pose nos problèmes, on pose nos moyens et on cherche des solutions applicables »
Ils agissent et Habib Essid encaisse
Pour satisfaire tout le monde, ils ont dû choisir un chef du gouvernement qui n’est pas partisan, dit Hammami. C’est lui qui est en première ligne, c’est lui qui assume tout. Aujourd’hui et pour revenir à l’exemple de Kerkennah, c’est Essid qui a accusé le Front Populaire. Aucun parti politique n’a cautionné ses dires. On se dit, qu’on lui laisse la tâche de se quereller avec les Frontistes !